Le Canard enchaîné du 13 juin 2018 sur la mortalité apicole

Le Canard enchaîné N° 5094, 13 juin 2018, page 8, Bzz, bzz, couic !

Bzz, bzz, couic !
LES ABEILLES n’aiment pas l’hiver. Rien à butiner. Fait pas chaud. Faut vivre au ralenti. D’ordinaire, les ruches voient 5 % d’entre elles passer l’arme à gauche. Mais, cet hiver, disent les apiculteurs, ce chiffre est monté à 30 %. Un massacre. Dans certaines régions, le taux grimpe jusqu’à 80 %.
Les responsables sont connus : les néonicotinoïdes, ces pesticides redoutablement efficaces, mis sur le marché au début des années 90 et aussitôt dénoncés par les apiculteurs (et qui ne seront interdits en France qu’à partir de septembre avec des dérogations possibles jusqu’à 2020). Coupables aussi, les autres molécules chimiques dont l’agro-industrie arrose massivement les champs.
La France, premier consommateur de pesticides d’Europe, produit trois fois moins de miel qu’il y a vingt ans (10 000 tonnes). Et en consomme quatre fois plus. Certes, principalement du faux miel, bourré de sucre et fabriqué en Chine, et qui n’a aucun goût.
Mais, au moins, il ne coûte pas cher !