L’Intelligence des abeilles

C’est le titre de l’émission « La terre au carré » diffusée le 13 novembre 2020

Aurore Waragues-Weber est chercheuse au CNRS et spécialiste du comportement animalier.

« Intriguée depuis l’adolescence par la question du niveau de conscience et de compréhension du monde des animaux, j’ai naturellement souhaité m’orienter vers l’éthologie cognitive, c’est-à dire l’étude de l’« intelligence » animale. Autant dire que je n’ai pas spontanément cherché à étudier un insecte ! C’est le hasard qui m’a amenée à passer quelques semaines à travailler avec le professeur Martin Giurfa, futur directeur de mon doctorat, à Toulouse, sur l’apprentissage des couleurs par les abeilles. J’ai découvert avec étonnement que ces insectes pouvaient apprendre et qu’ils montraient même des personnalités différentes ! Par la suite, je me suis passionnée pour cet animal fascinant aux comportements riches et complexes. Mes recherches ont participé à montrer par exemple, que les abeilles, malgré leur cerveau miniature, sont capables de comprendre des concepts mathématiques simples (zéro – addition/ soustraction) ou encore d’apprendre de leurs congénères en observant leur comportement. Un de mes projets pour l’avenir serait de comprendre les mécanismes neurobiologiques permettant à leur petit cerveau d’atteindre de tels niveaux de performance. »
Ici, l’émission de France Inter (nous avons retiré les chansons afin de respecter les droits d’auteur) :

Une intelligence collective

Ces animaux ont un petit cerveau et sont capables d’apprendre des choses, de prendre des décisions individuellement qui assurent le bien de toutes. Mathieu Lihoreau nous apprend que « ce sont des groupes extrêmement intégrés, avec une communication très sophistiquée, tant elles prennent des décisions de manière collective, ne serait-ce que pour aller chercher de la nourriture, elles recrutent d’autres abeilles pour aller choisir les meilleures sources de nourriture ou les meilleurs sites de nidification ».

Au début de leur développement, chaque abeille fait son baptême de l’air. Quand les jeunes abeilles sortent pour la première fois de leur nid, elles doivent apprendre à se repérer pour pouvoir revenir facilement après avoir butiné. L’éthologue parle même de « vols d’apprentissage. Ce sont les premiers vols dans la vie des abeilles. Une abeille domestique vit environ deux semaines en tant qu’adulte dans la ruche avant de potentiellement sortir ! Et durant ces premiers vols, elle fait de la reconnaissance.

« Pour apprendre à reconnaître l’espace autour de la ruche, les abeilles effectuent des vols en zig zag tout autour. Elles cartographient leur environnement »

Sachant que l’abeille domestique ne s’aventure jamais au delà de 10 km, en fonction de la présence proche ou lointaine de sources de nourriture. De plus, les abeilles ont un troisième œil au-dessus de la tête qui leur permet d’avoir accès à la lumière polarisée. Elles connaissent en permanence la position du soleil, le compas permanent qui leur permet de naviguer ».

 

Les abeilles toujours autant en danger

La fragilité des abeilles n’a pas évolué en mieux… Ces insectes sont ultra affectés par la crise de la biodiversité, au point que certaines zones géographiques en sont même dépourvues aujourd’hui. De nombreuses colonies domestiquées s’effondrent tous les ans, avant et pendant l’hiver. L’éthologue affirme ne pas pouvoir imaginer ce qui l’en est pour les toutes les autres espèces d’abeille sauvages livrées à elles-mêmes : « on ne peut qu’imaginer les conséquences sur les espèces sauvages essentielles puisqu’elles pollinisent des espèces de plantes qui ne sont pas pollinisées par les abeilles domestiques.

La disparition des abeilles fragilise l’ensemble des écosystèmes naturels.

On peut s’imaginer qu’une certaine chaîne alimentaire s’effondre totalement.

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