Et soudain, vous voilà dans la tête d’une abeille… Comme nous, les insectes ont un cerveau. Mais, à la différence du nôtre, il est minuscule. À quoi donc peut-il servir ? Les insectes sont-ils doués d’intelligence ? Ont-ils une conscience ? Un sens créatif ? Ressentent-ils des émotions ? À travers mille découvertes, anecdotes et réflexions sur les abeilles et les insectes en général. Bouleversant ce que nous pensions à leur sujet, ce livre incite au respect de l’infiniment petit, qui n’a de petit que sa taille !Depuis plus d’un siècle maintenant, les recherches sur le comportement et le cerveau des abeilles ont permis de révéler un répertoire cognitif étonnamment riche et jusque-là insoupçonné chez les insectes. Les abeilles sont des créatures miniatures fascinantes, avec des capacités tout à fait étonnantes. C’est l’objet du livre « A quoi pensent les abeilles » de Mathieu Lihoreau, chercheur éthologue au CNRS, spécialisé dans l’étude de l’intelligence des insectes et qui dirige à Toulouse une équipe qui explore les capacités des insectes à s’orienter dans le paysage. Il nous aide à regarder droit dans les yeux des abeilles tant il révèle les capacités cognitives fascinantes de ces créatures miniatures.
📖 LIRE – « À quoi pensent les abeilles ? » (Humensciences) et de « Mondes Animaux » (Avril 2022 Editions Gallimard)
Combien d’espèces d’abeilles existe-t-il ?
En plus de l’abeille mellifère sur laquelle on se focalise souvent, puisque c’est cette espèce qui est domestiquée et que l’on observe depuis des millénaires, l’éthologue commence par rappeler qu’il existe « 20 000 espèces d’abeilles que l’on a décrites sur Terre dont une centaine en France. La majorité sont des espèces solitaires ».
Une intelligence collective
Ces animaux ont un petit cerveau et sont capables d’apprendre des choses, de prendre des décisions individuellement qui assurent le bien de toutes. Mathieu Lihoreau nous apprend que « ce sont des groupes extrêmement intégrés, avec une communication très sophistiquée, tant elles prennent des décisions de manière collective, ne serait-ce que pour aller chercher de la nourriture, elles recrutent d’autres abeilles pour aller choisir les meilleures sources de nourriture ou les meilleurs sites de nidification ».
Au début de leur développement, chaque abeille fait son baptême de l’air. Quand les jeunes abeilles sortent pour la première fois de leur nid, elles doivent apprendre à se repérer pour pouvoir revenir facilement après avoir butiné. L’éthologue parle même de « vols d’apprentissage. Ce sont les premiers vols dans la vie des abeilles. Une abeille domestique vit environ deux semaines en tant qu’adulte dans la ruche avant de potentiellement sortir ! Et durant ces premiers vols, elle fait de la reconnaissance.
« Pour apprendre à reconnaître l’espace autour de la ruche, les abeilles effectuent des vols en zig zag tout autour. Elles cartographient leur environnement »
Sachant que l’abeille domestique ne s’aventure jamais au delà de 10 km, en fonction de la présence proche ou lointaine de sources de nourriture. De plus, les abeilles ont un troisième œil au-dessus de la tête qui leur permet d’avoir accès à la lumière polarisée. Elles connaissent en permanence la position du soleil, le compas permanent qui leur permet de naviguer ».
À chacune son rythme !
Les recherches éthologiques attestent d’une variabilité dans les comportements des abeilles de la ruche, elles s’adaptent les unes aux autres (comme les fourmis) : « il y a des butineuses qui font 50 % du travail de la ruche, alors que d’autres ne sortent quasiment jamais, ou ne ramènent rien quand elles sortent ».
Toutes les abeilles produisent du miel. Mathieu Lihoreau s’arrête brièvement sur les quantités de miel qu’elles produisent pour subvenir à leurs besoins. Si on prend l’abeille mellifère, domestique, « celle-ci produit d’énormes quantités de miel pour passer l’hiver. Ce sont des colonies qui peuvent durer plusieurs années. L’hiver, il fait tellement froid qu’elles ne peuvent pas sortir à l’extérieur pour aller butiner donc, elles se nourrissent des stocks de miel qu’elles ont fait pendant l’année.
Quand les apiculteurs en prélèvent, ils en laissent toujours assez à la colonie pour survivre
Les abeilles toujours autant en danger
La fragilité des abeilles n’a pas évolué en mieux… Ces insectes sont ultra affectés par la crise de la biodiversité, au point que certaines zones géographiques en sont même dépourvues aujourd’hui. De nombreuses colonies domestiquées s’effondrent tous les ans, avant et pendant l’hiver. L’éthologue affirme ne pas pouvoir imaginer ce qui l’en est pour les toutes les autres espèces d’abeille sauvages livrées à elles-mêmes : « on ne peut qu’imaginer les conséquences sur les espèces sauvages essentielles puisqu’elles pollinisent des espèces de plantes qui ne sont pas pollinisées par les abeilles domestiques.
La disparition des abeilles fragilise l’ensemble des écosystèmes naturels. On peut s’imaginer qu’une certaine chaîne alimentaire s’effondre totalement.
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